La Mairie
Chaque commune possède aujourd’hui sa mairie. Il n’en a pas toujours été ainsi. Si la plupart des villes, disposant d’une certaine autonomie sous l’ancien régime, possédaient déjà des hôtels de ville parfois imposants, la généralisation des mairies ne s’est faite que beaucoup plus tardivement. Ce n’est qu’avec la Loi du 5 avril 1884 que l’obligation pour chaque commune de se doter d’une mairie s’impose, qu’elle en soit propriétaire ou locataire. Auparavant lorsque la commune en était dépourvue, c’était le plus souvent le domicile du maire qui tenait lieu de maison commune, ce qui témoigne de la confusion qui pouvait encore régner entre affaires privées et affaires publiques. L’adoption d’un local spécifique correspond alors à la volonté de rendre l’institution communale anonyme, collective, indépendante du pouvoir social des notables, tout comme la construction de la république suppose d’abord une nette séparation entre sphère privée et sphère publique. L’histoire de la construction des mairies est indissolublement liée à celle des écoles, ainsi qu’en témoigne encore bien souvent la proximité des lieux. Une première vague de construction des mairies a lieu au lendemain de l’adoption de la Loi Guizot sur l’enseignement primaire (1833), qui obligent les communes à se doter d’une école de garçons. Bien des conseils municipaux décident de faire d’une pierre deux coups. Les Lois Ferry sur l’instruction scolaire donnent une seconde impulsion, cette fois décisive. Bien souvent l’on construit un bâtiment en trois parties : les ailes symétriques accueillent séparément école de filles et école de garçons, tandis que le corps central abrite la mairie. Le terme de mairie s’impose enfin, alors que la IIIe république donne à la fonction tout son relief.