Reconnaissance et indépendance

Retour au sommaire

  1. Décoration et légion d'honneur
  2. Une indépendance acrue

Décorations et légion d’honneur

De tout temps le pouvoir central a su, par l’attribution de décorations, récompenser la fidélité de ses agents et récompenser leur zèle.

Napoléon Bonaparte distribuait des écharpes d’honneur et des tabatières. Ces menus cadeaux ne facilitaient pas toujours la tâche des préfets. Il arrive que certains maires plus avides d’honneurs que d’autres, sollicitent eux-mêmes des récompenses.

Il semble qu’il n’ait pas, jusqu’au second Empire, été fait usage systématique de l’attribution de décorations aux maires, comme si le seul exercice de la fonction ne suffisait pas à justifier qu’on honorât son titulaire. Il y fallait adjoindre d’autres mérites, militaires ou civils.

Ainsi, le ministre de l’Intérieur propose-t-il au roi, le 27 avril 1840, d’accorder la croix de la Légion d’honneur au maire de Lignières (Cher).

L’appréciation portée par les pouvoirs publics sur l’exercice de la fonction se modifie considérablement à partir du milieu du siècle. La mobilisation par le Second Empire des maires au soutien de la candidature officielle n’est pas étrangère à cette évolution : on contraint et on sanctionne, mais on récompense aussi ; la cause essentielle n’en demeure pas moins la considération nouvelle que l’Etat porte à ces fonctionnaires si particuliers, à leur inlassable dévouement, à la gratuité de leur fonction et à la compétence dans l’ensemble grandissante avec laquelle ils l’exercent.

A partir de 1854, chaque année, un contingent de Légions d’honneur sera réservé aux maires. Il sera considérablement augmenté à partir de mars 1862, à l’occasion du septième anniversaire du prince impérial.

Le contingent sera cette année là de 64 maires en fonction, sans compter les anciens maires et les adjoints. Il sera plus que doublé à la suite d’un nouveau décret de 72 nominations en août de la même année et, accru de quelques décrets supplémentaires en fin d’année, dépassera le nombre de 140 nommés et promus, dont 7 officiers. Le geste sera renouvelé chaque année jusqu’à la chute de l’Empire. Il dépassera le chiffre de 170 en 1869, année électorale.

Les critères invoqués par les préfets à l’appui des propositions qu’ils présentent sont :

La tradition ne sera pas perdue . Quel que soit le régime, il n’y aura plus de visite officielle du chef de l’Etat en province sans rassemblement des maires du département et entretien avec eux. Plus de décrets non plus de nominations dans les ordres nationaux sans que les maires n’y figurent. La loi du 11 avril 1924 accordera même un contingent annuel spécial de 240 croix de la Légion d’honneur au ministre de l’Intérieur pour récompenser, à l’occasion du 14 juillet, les services rendus pendant au moins trente ans ou à titre exceptionnel par les maires. Ce contingent sera doublé en 1925.

Menu


Une indépendance accrue

Ce que constatent lucidement les préfets, c’est que la source essentielle du pouvoir municipal a changé. Depuis l’an VIII, celui-ci se transmettait du gouvernement aux maires. Désormais, il puise directement sa légitimité au suffrage universel. Et les maires sont tout à fait conscients qu’ils ne peuvent avoir d’autorité que s’ils la tiennent de l’élection. La confiance venait d’en haut ; elle émanera désormais de la base.

D’autres évènements contribuèrent à l’émergence de la reconnaissance de la fonction. Tout d’abord le fait que les gouvernements de l’époque, confrontés à des circonstances difficiles, ont recherché et sollicité l’appui des maires pour assurer la sauvegarde de la république et la préservation de la concorde nationale, notamment lors du scandale des décorations, la crise du boulangisme et l’affaire Dreyfus.

Il y a ensuite la prise de conscience des maires eux-mêmes de l’importance nationale de leur rôle ainsi que la nécessité de se grouper pour échanger leurs expériences et définir des attitudes communes :

Sous la IIIe République on commence à voir des maires accéder à la célébrité. Emile Loubet était encore maire avant de parvenir à la présidence de la République en 1899. Pierre Laval était maire d’Auberviliers, Pierre-Etienne Flandin de Domecy-sur-Cure, Georges Mandel à Soulac en Gironde. La IVe et la Ve République vont voir le triomphe des députés-maires. Nombre de nos Premiers ministres ont exercé ce mandat : Cresson à Chatelleraut, Beregovoy à Nevers, Juppé dans le XVIIIe à Paris, Rocard à Conflans-Sainte-Honorine, Mauroy à Lille. Les présidents de la République ne sont pas en reste : Mitterrand à Château-Chinon, Chirac à Paris, Giscard d'Estaing à Chamalières. Le mandat de maire pour les députés et les sénateurs est le symbole de l'attache au terroir, à la réalité de la vie locale...Gambetta ne parlait-il pas du Sénat en tant que "Grand Conseil des Communes de France" ?

Voir l'historique de l'AMF...

Menu