Historique de l'AMF

1907-1930 : d’un congrès de maires de grandes villes à une association ouverte à tous

En février 1907, Emile Sarradin, maire de Nantes, invite les maires des villes de plus de 40 000 habitants à se réunir afin de se prononcer sur le questionnaire de la chambre des députés concernant la suppression des octrois « et élucider quelques questions municipales ». Ce sont donc 48 maires qui se réunissent à Paris. Malgré la loi de 1884 qui interdit à tout conseil municipal «  en dehors des cas prévus par la loi, de se mettre en communication avec un ou plusieurs conseils municipaux », les pouvoirs publics ne réagissent pas à ce premier congrès, pas plus qu’à ceux vont suivre.

En parallèle, le congrès s’ouvre progressivement à des villes moins peuplées et aux sièges de préfectures et sous-préfectures.

En 1921, ce bureau se constitue en association.

L’AMF entretient alors de bonnes relations avec l’administration centrale ce qui n’est pas le cas d’une autre association créée au même moment : l’Association générale des maires de France rassemblant environ 1500 maires pour la plupart ruraux et fervents opposant à la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

En 1925 les deux associations décident de fusionner pour devenir l’Association nationale des maires de France ouverte aux maires de toutes les communes.

 

1930-1939 : à travers ses propositions économiques et sociales, l’AMF s’affirme sur la scène politique

La crise des années trente va renforcer les liens entre l’AMF et l’Etat. En effet, en contact avec leurs habitants, les maires constituent le relais des pouvoirs publics auprès des populations. Cela se traduit par une reconnaissance dont le point d’orgue sera le décret conférant à l’association le statut d’association d’utilité publique.

Comptant un nombre de plus en plus élevé d’adhérents, l’association conserve sa vocation de rassemblement de tous les maires dans une stricte neutralité politique.

Celle-ci sera présente sur tous les fronts : le problème du chômage, l’arrivée de main d’œuvre étrangère, la question du logement, la crise économique et les développements techniques. Attachée à faire des réformes utiles à l’amélioration de la vie des citoyens, l’Association des maires continue parallèlement à défendre les libertés communales. Elle s’oppose ainsi à plusieurs décrets-lois qui concernent les communes et sur lesquels elle n’a pas été consultée.

 

1939-1945 : des questionnements difficiles

Après la déclaration de guerre, l’AMF décide de poursuivre son travail et de fonctionner normalement afin d’aider les maires à « assurer la continuité de la vie nationales ». Toutefois, les maires communistes sont exclus de l’association, leur parti ayant été déclaré hors la loi par le gouvernement à la suite de la signature du pacte germano-soviétique.

Les maires vont donc se charger de la sécurité de la population et du ravitaillement, mais l’armistice du 22 juin 1940 va accroître encore les difficultés des maires devant alors s’occuper du retour des réfugiés.

Avec la révolution nationale de Vichy, les libertés locales disparaissent, les maires des communes de plus de 2000 habitants sont nommés, la communes n’est plus qu’un rouage de l’Etat central.

Interdite d’activité comme toutes les associations, l’AMF n’obtient qu’au printemps 1942 le droit de se réunir à nouveau . Ce congrès marque la fin de l’activité de l’AMF, son président ayant sans doute pris conscience du danger de poursuivre ses travaux dans le contexte de la collaboration avec l’occupant. Il réunit le bureau une dernière fois, le 25 novembre 1943, pour demander « que ce soient les services de l’Etat qui pourvoient à la main d’œuvre obligatoire et aux réquisitions, les maires ne voulant assumer aucune responsabilité en la matière, qui intéresse trop directement l’activité de l’ennemi ».

 

1945-1952 : l’AMF renaît et se renforce

En 1944 un bureau provisoire est mis en place et il faut attendre avril 1945 et Edouard Herriot, maire de Lyon, pour que l’association fonctionne à nouveau.

Malgré quelques soucis internes, l’AMF poursuit son œuvre dans plusieurs domaines : la défense des libertés locales, les collectivités territoriales, la décentralisation, la limitation de la dépopulation des campagnes, la reconstruction, la politique éducative.

 

1953-1974 : des relations difficiles avec les pouvoirs publics

C’est une question financière qui déclenche une première crise entre le gouvernement et l’AMF. Elle tire son origine d’un projet de loi réformant la fiscalité locale déposé par le président du Conseil, Antoine Pinay. Ce texte n’a fait l’objet d’aucune concertation, ce qui heurte profondément l’AMF qui fait de la réforme des finances locales l’un des points forts de ses débats depuis des années. Conséquence : un cortège de 1200 maires manifeste en novembre 1953 devant le ministère des finances. Le président René Coty s’engage alors à consulter l’AMF sur les sujets concernent les communes.

Mais la situation empire en 1963 lors d’un projet de fusion des petites communes. Georges Pompidou, alors premier ministre, demande alors de « suspendre provisoirement les relations avec l’Association des maires de France ».

Mais l’AMF poursuit son travail et s’intéresse à l’exode rural, la concentration urbaine et au problème du logement, s’oppose aux « cités dortoirs ». La guerre d’Algérie provoquera quelques tensions internes.

Mais une nouvelle crise s’ouvre à l’occasion du projet référendaire de 1969, car l’AMF désapprouve le référendum. La campagne pour le non s’organise alors discrètement à l’association, entraînant la démission des maires gaullistes.

La situation va ensuite se normaliser sous la présidence de Pompidou , et de nouvelles questions à traiter apparaissent : le statut des élus, la formation du personnel communal, les moyens juridiques des élus, les indemnités des maires…etc.

 

1974-1992 : décentralisation

L’AMF continue de plaider pour une décentralisation qui permette « la prise en charge de leurs intérêts par les citoyens à chaque niveau de solidarité territoriale ». En 1975, un premier pas est franchi par l’Etat qui reconnaît que les collectivités locales sont les mieux placées pour apprécier et satisfaire les besoins de la population.

En 1978, un projet de loi est déposé sur le développement des responsabilités locales, mais celle-ci est bloquée par la dissolution de l’Assemblée nationale.

Mais les communes vont peu à peu voir leur rôle monter en puissance lorsqu’en 1981 François Mitterrand lance la décentralisation avec l’aide de Gaston Defferre, maire de Marseille. Les maires se voient attribués de nouveaux pouvoirs tels que l’urbanisme, et l’aménagement du territoire.

Mais les maires doivent se confronter à de nouveaux problèmes de société. La crise économique entraîne une recrudescence de la délinquance. Les problèmes d’insécurité se généralisent. L’AMF prône alors la mise en place de conseils de prévention associant tous les acteurs de la France.

 

1992-2004 : finances locales et intercommunalité dominent les débats

En 1992, deux lois fondamentales vont marquer l’histoire de l’AMF :

Cette équation difficile entre nécessité de maîtriser les dépenses publiques et accroissement des besoins de la population, vont désormais sous-tendre les débats de l’AMF. C’est ainsi qu’en 1998 l’AMF demande que « les relations financières antre l’Etat et les collectivités locales soient régies par un contrat de croissance et de solidarité ».

Condamnant également la transformation d’une partie des impôts locaux en dotations de l’Etat, elle défend vigoureusement le principe de l’autonomie financière des collectivités locales, rappelant que la liberté locale « suppose l’existence d’une marge d’autonomie qui ne peut résulter que de la libre disposition de l’impôt local ».

L’AMF accueille favorablement la loi sur le renforcement de la coopération intercommunale de 1999 et son régime de taxe professionnelle. Dès lors, l’AMF va s’impliquer très fortement pour aider les communes à structurer et à faire évoluer leurs groupement intercommunaux, et proposer des mesures pour améliorer le fonctionnement des communautés tout en respectant l’identité communale, comme en témoigne la loi de 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.