L'embrigadement politique

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  1. L'action politique du maire
  2. Le laïc contre le religieux
  3. L'arbre de mai

L'action "politique" du maire

Le maire doit mettre en œuvre au niveau local, la politique décidée par le pouvoir central. Le rôle du maire est très important pour les autorités gouvernementales. C'est par l'action du maire et du conseil municipal que les habitants voient l'orientation du régime. Le pouvoir va donc s'attacher à séduire les maires.

Napoléon Bonaparte et après lui Napoléon III vont décorer de la Légion d'honneur de très nombreux maires. Les préfets vont faire miroiter des aides, des subventions, à certains maires. Ces promesses seront parfois tenues : l'Etat aidera financièrement certaines communes pour la réalisation des mairies.

Le pouvoir attend en retour des contreparties. Sous la monarchie de Juillet et sous la République, il s'agira de renforcer la laïcisation de l'Etat. Sous la Restauration on demandera aux maires de se substituer au curé en prônant certaines valeurs morales, d'avoir un comportement paternaliste avec les administrés...

Périodiquement, dans les grandes circonstances notamment à l’occasion de l’anniversaire du Chef de l’Etat, le maire est tenu d’envoyer des adresses censées exprimer les sentiments et les vœux de la population, éventuellement d’organiser des réjouissances publiques.

Mais c'est surtout sous les deux Empires que les maires vont jouer un grand rôle politique. Parce que l'organisation des élections fait partie de leurs attributions, les maires vont jouer un grand rôle auprès de la population. Ce rôle ne pouvant être que renforcé en 1848 avec la proclamation du suffrage universel. Passant pour des hommes savants dans la commune on leur demande conseil pour voter. Ils présentent le candidat officiel de l'Empire à leurs administrés, s'amusant à écorcher le nom des autres candidats.

Ce rôle des maires dans les élections ne cessera de croître au fil du temps. Depuis la loi sur les associations de 1901, les maires vont prendre part à de nombreuses associations et vont par la même exercer une influence non négligeable. On connaît aujourd'hui encore le rôle des maires dans les petites communes : dîners des anciens combattants, tournoi de belote du club du troisième âge et visites dans les hospices et les maisons de retraite le jour des élections.

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Le laïc contre le religieux

Avec la Constitution Civile du Clergé du 12 juillet 1790, le maire reçut de nombreuses attributions qui appartenaient auparavant au curé. Le maire du XIXe siècle était sans cesse en rivalité avec le curé du village, la laïcisation de l'Etat renforçant cet antagonisme. Aux débuts de la période révolutionnaire, le curé est bien souvent le seul homme lettré du village. Aux élections communales de février 1790, 1/5 des maires bretons seront d'ailleurs des curés. Mais la charge revint alors aux préfets de trouver des hommes laïcs pour assurer la fonction de maire, ceci n’étant pas sans difficulté.

Sous le Directoire, la loi du 9 septembre 1798 instaura le culte du décadi. Au terme de chaque décade du calendrier révolutionnaire, le maire rassemblait les habitants sur la place, lisait les lois, annonçait les nouvelles, mentionnait les naissances et les décès, prononçait un sermon civique et célébrait les mariages. La substitution au prêtre était évidente.

Le Concordat de Napoléon eu une conséquence pratique mais de courte durée au niveau communal. Les évêques pouvaient intervenir dans la nomination des maires.

Mais avec la Loi Guizot sur l'enseignement primaire du 18 juin 1833, la politique de laïcisation fut relancée dans les communes. Les maires durent créer une école primaire dans leur commune. En 1832 10.400 communes ne disposaient pas d’une école, contre 3200 en 1847. L'enseignement devait également échapper aux ecclésiastiques. Le maire dut trouver une salle destinée à faire la classe ainsi qu'un logement pour l'instituteur. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on assista donc à la construction des fameuses "écoles-mairies" dont on peut encore voir des traces aujourd'hui.

   Dans les villages, l’architecte les réunit dans un bâtiment dont la mairie occupe le centre, les ailes étant l’école de garçons et celle de filles. Les diverses lois scolaires, promulguées entre 1878 et 1889, font de la République le contrôleur d’un enseignement gratuit et laïque. Les curés n’ont plus le droit de surveiller les écoles publiques. L’enseignement religieux disparaît des programmes. Les crucifix disparaissent des locaux scolaires. Les congrégations religieuses doivent laisser la place à des instituteurs et institutrices laïques. Ces derniers seront, à partir de 1889, payés par l’Etat, les communes devant, de leur côté, fournir le logement des maîtres et le matériel scolaire. Il ne reste au prêtre, dépossédé de son rôle civil, que les funérailles, les mariages religieux n’étant plus obligatoires.

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L'arbre de mai

Il s’agit d’une ancienne coutume que celle de planter devant la maison du maire et de ses conseillers, un arbre appelé « arbre de mai ». Elle semble remonter à 1881 et serait l’aboutissement de deux traditions : l’offrande du mai, arbre ou bouquet de feuillage, à la personne qu’on veut honorer sous l’Ancien Régime; l’arbre de la liberté sous la Révolution. Maire et Conseillers se doivent d’offrir à boire et à manger à ceux qui plantent le « mai » près de leur maison.

 

On comprend donc l'importance pour le pouvoir de disposer d'un personnel communal qui lui soit fidèle.

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